L’Arlésienne d’Eysses

Réalisé en détention par un ouvrier des ateliers SNCF d’Arles, Résistant mort pour la France, ce portrait d’une Arlésienne souriante évoque une histoire tragique et un épisode unique dans l’histoire de la Résistance, l’insurrection d’Eysses.

La « prison des Résistants »

L’ancien village d’Eysses est devenu, de nos jours, un quartier de Villeneuve-sur-Lot, dans le département du Lot-et-Garonne. Un établissement carcéral, qui a été successivement une maison centrale et une colonie pénitentiaire, y est établi depuis 1803. C’est, aujourd’hui, un centre de détention.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la « centrale d’Eysses » reçoit progressivement un grand nombre de prisonniers politiques condamnés par le régime de Vichy. En février 1944, on y dénombre 1430 détenus, des Résistants pour la plupart.

Une Résistance intense et structurée

Très organisés, les prisonniers multiplient les actes de Résistance, éditant des journaux et parvenant même à dissimuler des armes. Ils constituent le « Bataillon d’Eysses », bataillon clandestin des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Le 3 janvier 1944, 54 d’entre eux parviennent à s’évader.

L’insurrection

Le 19 février 1944, une insurrection se produit. 1200 Résistants prennent le contrôle de l’établissement, faisant prisonniers le directeur ainsi que 70 gardiens et membres du personnel pénitentiaire, avec l’intention de rejoindre les maquis locaux.

Des unités de police du gouvernement de Vichy interviennent, appuyées par l’artillerie allemande. Il faudra plus de 13 heures de combat pour contraindre les Résistants à se rendre.

Une impitoyable répression

La répression sera terrible. Le 23 février 1944, douze Résistants sont condamnés à mort et fusillés.

A partir du 30 mai 1944, 1121 prisonniers sont livrés aux Allemands par l’État français et déportés vers le camp de concentration de Dachau. 400 mourront pendant les transports ou dans les camps nazis. Pour en savoir plus : https://www.eysses.fr/

l’Arlésienne d’Eysses, un portrait chargé d’Histoire

Réalisé dans la « Centrale d’Eysses », ce portrait sur bois mesure 13 cm sur 8. Il porte, au dos, une dédicace à un détenu arlésien. L’inscription est datée du 3 mai 1944 et signée de 5 autres détenus, également arlésiens, dont l’auteur de l’œuvre.

Les cinq signataires seront tous déportés à Dachau. Trois d’entre eux, dont le peintre de l’Arlésienne, y trouveront la mort.